En
l'an 79, la ville de Pompéi vit sa période la plus faste à l'abri
du mont Vésuve. Milo, esclave celte en provenance d'Angleterre
devenu gladiateur, rêve du jour où il pourra venger son peuple
exterminé par l'Empire romain. Au même moment, le Vésuve se
réveille lentement dans l'indifférence générale. Dans quelques
heures la ville va être le théâtre d'une des plus grandes
catastrophes naturelles de tous les temps...
Titre
original : Pompeii
Réalisation :
Paul W.S. Anderson
Acteurs
principaux : Kit Harington, Carrie-Anne Moss, Emily Browning,
Adewale Akinnuoye-Agbaje, Jessica Lucas, Jared Harris, Kieffer
Sutherland...
Genre :
Péplum graphique sur fond de catastrophe naturelle
Année
de sortie : 2014
Tous
publics
« Voyons si un
Romain peut mourir à l'égal d'un gladiateur. Un gladiateur, ça ne
supplie pas ! »
Adewale
Akinnuoye-Agbaje, dans le rôle d'Atticus
Le 24 août 79 de notre ère, le Vésuve entre en éruption. Une pluie de pierres incandescentes s’abat sur la ville de Pompéi. La panique s'empare de la cité et la population tente de s'enfuir. Certains tentent de s'échapper par la mer, d'autres restent cloîtrer chez eux. Les chutes de roches détruisent le toit des maison, et la fumée asphyxie la population. Pompéi se transforme très vite en champ de ruines. Ceux qui ne sont pas morts écrasés ou brûlés mourront étouffées par la fumée. C'est une scène de massacre que le Vésuve laisse derrière lui. Mais cette scène sera figée par les pluies de cendre qui s'abattent sur la ville. Les corps en seront couverts. Près de deux milles ans plus tard, on découvrira ces corps, du moins leurs formes, conservées par la cendre.
« A peine
étions-nous assis que voici la nuit, non pas une nuit sans lune par
temps nuageux, mais celle que l'on a en un endroit fermé, toute
lumière éteinte. On entendait les gémissements des femmes, les
vagissements des bébés, les cris des hommes ; les uns
cherchaient de la voix leurs père et mère, d'autres leurs enfants,
d'autres leurs épouses, tâchaient de les reconnaître à la voix.
Certains déploraient leur propre malheur, d'autres celui des leurs ;
il y en avait qui par crainte de la mort appelaient la mort, beaucoup
tendaient leurs mains vers les dieux, plus d'un expliquaient qu'il
n'y avait plus nulle part de dieux, que cette nuit éternelle était
la dernière du monde. »
Lettres à Tacite,
Pline le Jeune
En
2003, l'auteur britannique Robert Harris publie un roman intitulé
Pompéi qui mélange
fiction et réalité. Il met en scène une intrigue fictive à la
veille de l'éruption du Vésuve le 24 août 79. En 2007, un projet
de développe autour du livre et Roman Polanski est envisagé pour
l'adapter au cinéma. Malgré un budget de 130 000 000 de dollars, le
projet est abandonné.
C'est
en février 2013 que l'idée de réaliser un film sur la catastrophe
de Pompéi est de nouveau envisagée, avec un budget à peu près
semblable au projet précédemment avorté. Le réalisateur Paul W.S.
Anderson, à qui l'on doit la saga Resident Evil
(2002-2015), est choisi pour la réalisation et Julian Fellowes,
oscarisé en 2002 pour le scénario de Gosford Park
de Robert Altman, Lee Batchler et Janet Scott Batchler signent le
scénario. Mais le film n'est pas une adaptation du roman de Robert
Harris, qui est désormais écarté du projet.
Depuis le film
culte Les derniers jours de Pompéi
(1959) de Sergio Leone et Mario Bonnard, peu voire aucun film n'a été
réalisé sur le sujet. Il s'agit pourtant de l'une des plus grandes
catastrophes de l'histoire de l'humanité. Lors de l'annonce du
projet, le film est alors très attendu. Mais dès la sortie de
l'affiche française, le public constate d'énormes anachronismes, ce
qui donne lieu à des réactions de la part des internautes qui
s'échangent leurs points de vue. Sur l'affiche, on voit des coulées
de lave. Or, lors de l'éruption du Vésuve, celui-ci, de type
explosif, n'aurait pas émit des coulées de lave mais des pluies de
pierres ponces puis des nuées ardentes. Si l'affiche, pour un simple
souci esthétique, était mensongère, le film, lui, se révélerait
bien respecter le déroulement de l'éruption du volcan.
Orlando Bloom et
Scarlett Johansson ont été un temps soit peu pressentis pour
interpréter les rôles de Milo et Cassia, mais ce sont finalement
Kit Harington et Emily Browning qui ont été retenus. Kit Harington
a pris son rôle au sérieux en prenant l'initiative d'adopter un
régime à 3000 calories par jour, et a ainsi pris douze kilos. Il a
ensuite fait une diète en passant de soixante-seize à
soixante-quatre kilos pour une définition parfaite de ses muscles.
Pompéi sort
dans les salles françaises le 19 février 2014 et deux jours plus
tard, le 21 février aux Etats-Unis. Il est proposé en 2D et en 3D. Il fait 338 692 entrées lors de
sa première semaine d'exploitation française sur 715 284 au total.
Notre avis :
Le film de Paul W.S. Anderson place l'action en 62 de notre ère dans
sa scène d'ouverture. Il met non pas en scène le tremblement de
terre qui détruisit, bien avant l'éruption du Vésuve, un grand
nombre d'édifices, mais présente le personnage de Milo, attaqué au
sein de son campement par une légion romaine. Il ne faut pas plus de
cinq minutes pour deviner toute la trame narrative du film, à savoir
celle d'un esclave qui vengera la mort de ses parents tués par un
haut sénateur romain, qui n'aura pas pris une ride 17 ans plus tard,
en 79. Pompéi, de façon très manichéenne, oppose des
gentils (les esclaves et les Pompéiens) et des méchants (les
Romains). Les Romains, à la manière d'un album d'Astérix,
sont bêtes et méchants. Ce sont d'ailleurs les deux mots qui
définissent le mieux le film, pour le pire et le meilleur. Pour le
pire car l'histoire tient en une phrase, et qu'il est regrettable que
la vie à Pompéi ne soit pas davantage exploitée et que chaque idée
ne soit qu’esquissée, autant que les dialogues entre les
personnages, à tel point que l'on croit assister à des bagatelles
et à des enfantillages, dans un monde propret où l'on aime le
raisin, les combats de gladiateurs et les femmes. Mais ces trois
éléments fondamentaux du péplum classique donnent un aspect kitch
assez savoureux, même si il manque parfois – souvent même – de
sexe et de sang, ce qui ne devait pas manquer à l'époque. C'est en
cela que le film renvoie à ce qu'il est, une production
hollywoodienne, dont il ne faut pas attendre une once d'originalité
ou d'audace.
Chaque acteur, que ce soit Kit Harington, qui murmure à
l'oreille des chevaux, ou Kieffer Sutherland, est la caricature de
son personnage. Mais il y a un plaisir assez savoureux à découvrir
Sutherland en sénateur, avec un visage qui s'y prête bien. Ce qui
donne évidemment un intérêt pour Pompéi est l'éruption du
Vésuve en 79. Elle se fait attendre tout au long du film, d'une
façon plutôt réussie, graduelle. Le volcan évolue comme un
véritable personnage, comme un monstre de film d'épouvante qui
tuerait ses victimes une par une avant le massacre final. Cette
personnification du Vésuve se fait notamment par ses grondements,
que tout le monde entend mais n'écoute pas, étant donné que les
tremblements de terre ne manquaient pas à Pompéi. Mais l'éruption
se fait tellement attendre que lorsqu'elle a lieu, on n'a pas
suffisamment pris le temps de s'attacher aux personnages et
d'assimiler la dimension humaine de la catastrophe, si bien que l'on
ne se rend absolument pas compte de l'ampleur de la catastrophe. Au
lieu de suivre la survie des personnages, on admire les effets
spéciaux, au demeurant très réussis, écraser en masse les
Pompéiens. Alors qu'on imagine la souffrance vécue par les
habitants de la ville, celle-ci n'est absolument pas montrée dans le
film, qui privilégie des ralentis de Milo sur son cheval quand ce ne
sont pas des plans d'ensemble sur la ville dévastée. Pompéi
propose néanmoins un déroulement des évènements fidèle à
l'Histoire, étape par étape.
Paul W.S. Anderson essaie de faire de
son film une œuvre graphique, comme tous les péplums modernes, de
300 (2006) de Zack Snyder à Le Choc des Titans (2010)
de Louis Leterrier en passant par Les Immortels (2011) de
Tarsem Singh, en ne lésinant pas sur les ralentis. Mais le film à
au moins le mérite de ne pas ressembler à une cinématique de
jeu-vidéo, et conserve une mise en scène académique et une qualité
d'image classique, se rapprochant donc davantage de Gladiator
(2000) de Ridley Scott – un peu trop d'ailleurs. Il aurait fallu
que le film, plutôt que de tout miser sur ses superbes effets
spéciaux et la catastrophe elle-même, s'attarde sur la psychologie
des personnages et la recherche d'une ambiance qui lui soit propre.
Pompéi est un film qui se laisse aisément regarder, mais qui
manque largement de conviction, ce qui fait de lui une série B tout
ce qu'il y a de plus convenue.
Lucas H.
Merci pour cette analyse. J'ai déjà vu "Les derniers jours de Pompéi", que je trouve absolument superbe pour une production non hollywoodienne. Peut etre est-ce dû au fait que Sergio Leone a été assistant sur le tournage de Ben-Hur ? Ca lui a sans nul doute apporté de l'expérience.
RépondreSupprimerDommage que l'adaptation du roman de Harris n'ait pas eu lieu, car ce roman est vraiment à couper le souffle.
Malgré le fait que je sois assez réticent aux peplums modernes, je pense que je visionnerai celui-ci.
Effectivement, il ne faut pas réduire l'oeuvre de Sergio Leone à ses westerns. Il a également travaillé sur Fabiola (1949) d'Alessandro Blasetti, Quo Vadis (1951) de Mervyn LeRoy ou encore Hélène de Troie (1956) de Robert Wise.
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