Sentant
la mort approcher, l'empereur Marc Aurèle désigne son fidèle
Livius pour lui succéder. De peur de se voir dépossédé du trône,
Commode fait assassiner son père Marc Aurèle. Acclamé par les
soldats, il condamne à l'exil sa sœur Antonia et son ami Livius.
Les années passent... Fou, incontrôlable, Commode provoque par ses
actes la révolte des provinces de l'Est. C'est le début du déclin
de Rome...
Titre
original : The Fall of the Roman Empire
Réalisation : Anthony Mann
Acteurs principaux : Stephen Boyd, Sophia Loren, Christopher Plummer, James Mason, Alec Guinness...
Genre : Grand classique et canon du péplum à grand spectacle
Année de sortie : 1964
Tous publics
Réalisation : Anthony Mann
Acteurs principaux : Stephen Boyd, Sophia Loren, Christopher Plummer, James Mason, Alec Guinness...
Genre : Grand classique et canon du péplum à grand spectacle
Année de sortie : 1964
Tous publics
Commode devant une reproduction de la statue de la célèbre louve qui semble être celle du Capitole |
Marc Aurèle
(121-180) est un empereur romain qui a dirigé l'Empire romain à son
apogée, de son accession au pouvoir en 161 en devenant empereur
(Imperator) jusqu'à sa mort. Il est le père de Commode, le
futur empereur qui prendra sa place en 182. Alors que certains
considèrent que l'empereur mourra de maladie, l'historien Dion
Cassius considère que Commode avait fait assassiner son père. Les
personnages de Livius et de sa bien-aimée Antonia sont des
personnages qui relèvent de la fiction. La Chute de l'Empire
romain raconte le règne de
Commode, avec des conflits fréquents dans
l'histoire romaine, et thèmes récurrents du péplum, comme les
relations conflictuelles entre Commode et son père autour de la
question de la succession, qui peut rappeler une autre dispute pour
le trône, sous Claude (10-54), celle entre Britannicus et Néron.
Malgré son titre,
le film d'Anthony Mann ne traite pas de la chute de l'Empire romain,
mais d'une période bien antérieure, qui raconte néanmoins l'un des
grands éclatements de la cité. Et même si on ne peut véritablement
parler d'une chute de l'Empire romain, on considère une fin de
l'Empire romain d'occident en 476 de notre ère, lorsque le dernier
empereur romain, Romulus Augustule (460-511) est dépouillé de son
pouvoir par Odoacre.
Au début des
années 1960, alors qu'Hollywood perd de sa suprématie, le
producteur Samuel Bronston (1908-1994), à l'origine de treize films
en tout, comme Jack London (1943) et le futur Fort Saganne (1984)
d'Alain Corneau, il décide de produire The Fall of the Roman
Empire et de le tourner dans ses
studios, les Studios Bronston, à proximité de Madrid. Le
réalisateur Anthony Mann (1906-1967) passe derrière la caméra pour
la quarante-deuxième fois et pour l'un de ses derniers films. Il
fait preuve d'un grand professionnalisme en abordant ce projet
faramineux, avec plus de 1000 ouvriers, 400 étudiants d'écoles
d'art qui bâtirent 27 structures, comportant 610 colonnes et 250 000
tuiles pour la reconstitution du plus grand forum romain qui dura
sept mois ! Mann se fera aidé de l'historien et philosophe
américain Will Durant, le consultant du film. Dans son livre I
am Spartacus (Capricci, 2013),
l'acteur Kirk Douglas évoque la capacité d'Anthony Mann à
respecter le planning imposé par Universal.
La Chute de
l'Empire romain est à voir
comme une réflexion sur la guerre et la paix avec un lien évident
avec la guerre froide, alors à son apogée en 1963, lors du tournage
du film. Même si celui-ci ne bat pas les records du plus grand
nombre de figurants dans un film de l'histoire du cinéma, largement
dépassé par d'autres péplums tels que Ben-Hur
(1960) de William Wyler ou Troie
(2004) de Wolfgang Peterson, il faut reconnaître que le film de Mann
voit l'antiquité romaine en grand, avec des scènes impressionnantes
où des milliers de figurants composent les plans d'ensemble.
Anthony Mann et ses maquettes |
Notre
avis : La Chute de l'Empire romain
est un véritable spectacle grandiose, qui ne lésine pas dans la
reconstitution de batailles ou d'assemblées, avec un nombre
spectaculaire de figurants. Il s'agit moins d'une étude historique
et précise de l'histoire de l'Empire romain qu'une production
massive qui offre au spectateur près de trois heures de
divertissement et de rebondissements en tous genres. Pour autant, le
film ne s'affranchit pas de certaines réalités historiques. On
remarquera par exemple la présence de rites religieux, comme la
prière à la déesse du foyer Vesta, ou encore l'intérêt de
l'empereur Commode pour la gladiature, dont il exerçait les
entraînements. Il ne pouvait évidemment pas exercer de combats dans
l'arène. C'est ainsi qu'il se livrera à sa passion lors de son
combat final avec Livius, dans une arène formée par des soldats, le
tout dans une séquence magnifiée par son silence et ses jeux de
cadres. Dans Gladiator
(2000), Ridley Scott proposera lui aussi un Commode adepte des
combats de gladiateurs. Néanmoins,l'historien romain Dion Cassius
décrivait un Commode bien plus sanglant que ne le montre le film de
Mann. Autre détail non respecté, la mort de l'Empereur a lieu dans
son palais, et non pas en plein forum.
Anthony Mann offre aux yeux du
spectateur une antiquité fantasmée et esthétique à travers une
qualité d'image remarquable, en situant par exemple l'action en
hiver, ce qui donne lieu à de magnifiques plans de plaines enneigées
et à de magnifiques aplats de couleurs, le rouge des costumes
militaires et le blanc de la neige. Les scènes de batailles,
notamment celle de la forêt contre les Barbares, sont filmées avec
une proximité étonnante. On remarquera d'ailleurs, étonnamment
étant donné le budget du film et le professionnalisme employé, que
lors de la séquence dans la forêt, un même plan est utilisé à
deux reprises. Autre anecdote, on peut remarquer dans l'une des
scènes du film de fausses poules, immobiles, en arrière-plan.
Cependant le détail des poules est une véritable pratique
religieuse, pratiquée par les magistrats, qui s'entouraient de
poules pour interpréter les signes envoyés par les dieux. Le
nouveau master du film proposé par l'édition en DVD de La
Chute de l'Empire romain le rend
d'autant plus beau, avec une image très peu granuleuse et absolument
sublime.
La toge et les sandales ne suffisent pas pour supporter le froid, l'équipe du film se réchauffe entre les prises, avec, de gauche à droite : Anthony Mann, Stephen Boyd, Christopher Plummer, Alec Guinness et Mel Ferrer. |
Du
côté du casting, on retrouve dans le rôle de Marc Aurèle l'acteur
britannique Alec Guinness, dans une interprétation quelque peu
comique de l'empereur, il n'y a qu'à voir la réplique citée en
début d'article, surtout lors d'une scène où il accueille de
nombreux chefs étrangers dans sa cité, et qu'il doit les saluer un
par un lors de leur passage. Le hic, c'est qu'il ne se rappelle pas
des noms de tous, et qu'il se fera aider par Timonides, interprété
par James Mason, avec des jeux de regards hilarants. Plusieurs
personnages sont fictifs, comme le personnage de Livius, interprété
par Stephen Boyd, qui se trouve face à un dilemme : trahir
l'Empire ou l'aider. On retrouve fréquemment ce thème dans les
œuvres de fictions, comme avec le personnage de Vorénus dans la
série Rome (2005) de
John Milius. Christopher Plummer, encore jeune et débutant, excelle
dans le rôle de Commode. Le contexte historique du film, à savoir
celui de la guerre froide, apparaît en filigrane dans le film de
Mann. On retrouve des questions sociales de l'époque romaine et de
l'époque du film, encore valables de nos jours, comme lors d'une
scène où se pose la question d'accepter ou pas des paysans
étrangers comme citoyens romains.
Lucas H.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé ce film que j'ai découvert il n'y a pas si longtemps. Je lui ai trouvé une atmosphère vraiment particulière, que je n'avais pas retrouvée depuis "Ben Hur". Même si je lui ai trouvé quelques lourdeurs et des moments assez lents, j'ai suivi jusqu'à la fin. D'une part, j'aime les peplums extra-longs, et d'autre part, j'avais déjà été impressionné par Stephen Boyd dans "Ben Hur". D'ailleurs, c'est marrant, la course de chars présente dans "La chute de l'Empire romain" m'a immédiatement fait penser à celle de "Ben Hur". Je pense que c'est fait pour. Ce que j'aime aussi dans ce film, c'est qu'il ne tourne pas uniquement autour d'une histoire d'amour insipide. Derrière ces décors grandioses et cette histoire d'amour à l'eau de rose, il y a une réflexion politique. Après, censure oblige, on ne pouvait évidemment pas voir la cruauté de Commode dans ses moindres détails. Finalement, si on s'en tient aux historiens de l'époque, le peplum le plus réaliste qui soit est sans doute "Caligula" de Tinto Brass, non ? Une question que je me pose : "La chute de l'Empire romain" a-t-il été aussi la chute du peplum ? Car il me semble qu'ensuite, il n'y en a plus eu.
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