19 février 2014

La Reine des Vikings (1967), de Don Chaffey


    L'action se situe au temps où l'Empire romain s'étendait aux confins de la Terre. Après la mort du roi de Grande-Bretagne, sa fille Salina est désignée comme son héritière. Elle doit garantir la co-existence pacifique avec les autorités romaines. Mais si le gouverneur traite les sujets britanniques avec respect, son second entend affirmer la domination romaine avec férocité. La révolte gronde...


Titre original : The Viking Queen

Réalisation : Don Chaffey
Acteurs principaux : Don Murray, Carita, Donald Houston, Andrew Keir...
Genre : film d'aventure à l'eau de rose
Année de sortie : 1966
Tous publics


"Dans son bout d'essai, Carita démontra qu'elle possédait le charisme, l'allure et l'autorité naturelle nécessaire au rôle."



                                     Article du magazine du distributeur Warner-Pathe New, 1er avril 1967





    La Reine des Vikings, de Don Chaffey, met en scène deux personnages : Justinien et Salina. Justinien (483-565), appelé aussi Justinien le Grand, est un empereur byzantin qui a régné de 527 jusqu'à sa mort. Il est connu pour son projet de restauration de l'Empire ainsi que pour ses projets de conquêtes militaires (guerres contre les Vandales et les Ostrogoths, paix avec la Perse). Salina elle est un personnage fictif. Toutefois, elle se rapproche sans conteste de Boadicée (30-61), la reine du peuple britto-romain des Iceni. Ainsi le scénario met au jour deux incohérences : une incohérence factuelle, car il n'est pas dit que Justinien ait fait partie de la conquête de la Bretagne, et une incohérence temporelle, car les deux personnages ont vécu à plus de 400 ans d'écart. De plus, à l'inverse de ce que laisse entendre le titre du film, il n'est pas véritablement question de Vikings.




    Le film est produit par la Hammer Film Productions, le célèbre studio de production britannique fondé en 1934 par William Hinds et Enrique Carreras, et dont l'âge d'or se situe dans les années 1950 à 1970. Par ailleurs, le studio a récemment marqué son grand retour. La Hammer est principalement connue pour ses films de monstres ressuscités des studios Universal, tels que Dracula, Frankenstein s'est échappé ou encore La Nuit du loup-garou, tous les trois réalisés par Terence Fisher. Mais le studio s'est également ouvert à d'autres genres, comme l'épopée historique, dont il est ici question.





    Le britannique Don Chaffey (1917-1990), réalisateur du film, n'est pas un nouveau venu dans le genre puisqu'il est l'auteur du cultissime Jason et les Argonautes de 1963, un film également célèbre pour les effets spéciaux du regretté Ray Harryhausen (1920-2013). Ainsi, trois ans plus tard, il se retrouve à la direction de La Reine des Vikings. Selon Marcus Hearn, dans son livre L'Antre de la Hammer (Akileos, 2012), ce projet est né d'"un caprice du destin profondément stupide et étonnamment  sadique", qui "força la Hammer à en faire trop en produisant une épopée historique qui transposait l'histoire de Roméo et Juliette sous l'occupation de l'ancienne Bretagne non armoricaine". Voila une vision bien pessimiste du film qui vise à en faire un véritable désastre. Le film apparaît donc comme une attraction de foire, mais pas seulement à valeur négative. Car effectivement, même si le projet peut paraître quelque peu bancal, il obtient lors de sa sortie une promotion plutôt conséquente, avec toutes sortes de produits dérivés, des affiches de Tom Chantrell à la compétitivité des dossiers de presse.


    Notre avis : La Reine des Vikings n'est pas un film à grand spectacle, mais un film beaucoup plus "intimiste", finalement sur les rapports entre les personnages, comme le sont souvent les films de la Hammer. Néanmoins, là où se distingue le film des péplums classiques, c'est qu'il est servi par l'esthétisme propre aux studios britanniques, dont les composantes indispensables sont les suivantes : le sang et l'érotisme - ici suggéré. Ainsi Don Chaffey n'hésite pas à montrer son héroïne, interprétée par la sculpturale Carita, ex-mannequin finlandaise alors âgée de 23 ans et sous contrat à la 20th Century Fox, et plus particulièrement son corps dans des vêtements moulants et courts au possible. C'est Don Murray qui lui donne la réplique, dans une interprétation plutôt convaincante de l'empereur Justinien. Le film de Don Chaffey ne montre que très peu de scènes de combats, au profit des amourettes parfois niaiseries de Salina et Justinien. Mais si le film prend parfois la tournure d'une bluette, il se rattrape ensuite par un sérieux inattendu, notamment lors de la présence de l'excellent Andrew Kier, un habitué du genre puisqu'il a joué dans le Cléopâtre (1963) de Joseph L. Mankiewicz et dans La Chute de l'Empire romain (1964) d'Anthony Mann. La Reine des Vikings n'est pas un témoignage historique. Cet aspect n'est pas aidé par les nombreux anachronismes aussi bien historiques que de mise en scène, comme lors d'une scène où l'on peut apercevoir une route goudronnée en arrière plan ! De plus le film s'achève par une fin expédiée. Mais il demeure tout à fait plaisant et esthétique, et est servi par un casting convaincant.


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