28 janvier 2014

Caligula (1980), de Tinto Brass

    Après avoir orchestré l’assassinat de Tibère, son grand père adoptif, Caligula devient empereur de Rome et reçoit les pleins pouvoirs du Sénat. Paranoïaque, méprisant et faisant fi des susceptibilités de son entourage, Caligula entame un règne aussi bref que sanguinaire. Véritable despote, il tyrannise ses proches, allant jusqu’à obliger les femmes des sénateurs à se prostituer pour rétablir les comptes de Rome et forçant le Sénat à nommer son cheval consul. Affichant sa relation incestueuse avec sa sœur, marié avec une courtisane, Caligula mène une vie de débauche, se vautrant dans la luxure et le stupre. Multipliant les décisions impopulaires et se faisant de nombreux ennemis, Caligula connaîtra une fin tragique.

Titre Original : Caligula
Réalisation : Tinto Brass
Acteurs principaux : Malcom McDowell, Teresa Savoy, Helen Mirren, Peter O’Toole…
Genre : péplum érotique
Année de sortie : 1980
Interdit aux moins de 16 ans



« Bien que j’ai revêtu la forme de Caius Caligula, je suis tous les hommes sans en être aucun. 
Donc, je suis un dieu. »

                                                                    Malcom McDowell, dans Caligula


    Caligula (12-41) est le troisième empereur romain qui succéda à Auguste et à Tibère. Tyrannique et sanguinaire, il règne de 37 à 41, avant d’être sauvagement assassiné par une conspiration d’officiers prétoriens et d’affranchis impériaux, dans l’indifférence la plus totale, pourtant adulé par tous lors de son règne. Il est connu pour sa grande décadence, notamment pour ses orgies et ses nombreux meurtres, ainsi que pour sa relation incestueuse avec sa sœur Drusilla.
    




    Tinto Brass (1933), réalisateur principalement de films érotiques comme Salon Kitty (1976) ou Monella (1998), mais aussi de film d’espionnage comme Snack Bar Budapest (1988), est contacté dans les années 1970 par Bob Guccione, le propriétaire du magazine pornographique Penthouse, pour une adaptation à gros budget d’un scénario de l’écrivain et scénariste Gore Vidal (1925-2012), intitulé Caligula.






    Mais le projet n’est pas tout de suite mis en place et lorsque celui-ci sera tardivement entamé, il rencontrera de nombreuses difficultés. Après sept réécritures du scénario, tout le monde ne cesse de se disputer le projet. Gore Vidal veut s’approprier le film en l’intitulant « Gore Vidal’s Caligula », ce qui installera des différents entre le scénariste et Tinto Brass, qui les mèneront jusqu’en justice. Le réalisateur finira par refuser le scénariste du plateau de tournage, considérant que le film n’appartient qu’au réalisateur. Bob Guccione, producteur de Caligula, qui prendra le parti de Brass en l’autorisant à effectuer des retouches sur le scénario, tentera de s’impliquer plus qu’il ne faut dans le projet en estimant à son tour que le film lui appartient, d’où la présence de « BOB GUCCIONE » au générique, au même titre que les acteurs. De plus Bob Guccione réalise des scènes additionnelles sans le consentement de Tinto Brass. Résultat, le réalisateur n’a jamais été très fier de son film.
    Tinto Brass n’a pas fini de rencontrer des difficultés. Une fois le film sorti le 2 juillet 1980, en version longue non censurée (2h24) et en version courte censurée (1h37), il est l’objet de nombreuses polémiques et contestations, en raison des nombreuses scènes de violence et de sexe – si ce n’est de pornographie – très crues.

    Le tournage s’est déroulé principalement en 1976 à Rome, aux Dear Studios, dans lequel avait été tourné le film Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz en 1963. On estime plus de 2500 comédiens mobilisés, près de 3600 costumes créés, dont 26 pour le seul Caligula, pour un budget total de 17 500 000 dollars.


    Notre avis : Caligula rempli parfaitement le cahier des charges de l'image fantasmée qu'on a de la débauche à Rome, avec un empereur comme Caligula, c'est à dire en ne lésinant pas sur le sang et la sexualité. Le personnage tyrannique qu’est Caligula permet de servir ces deux fonctions. Mais ici l’histoire devient malheureusement prétexte aux nombreuses scènes de sexe, qui font du film un pâle film érotique. Mise à part ces scènes, qui peuvent être évitées en visionnant la version courte du film, le film de Tinto Brass est un portrait analytique de Caius Caligula, centré sur sa personnalité dans un rapport intimiste entre le spectateur et le personnage, en proposant de nombreuses facettes plus originales les unes que les autres, parfaitement servies par l’anglais Malcom McDowell, connu pour son rôle dans Orange mécanique (1971) de Stanley Kubrick et sa capacité à explorer la folie. Le film offre de belles images colorées, mais mériterait davantage à situer l’action dans des scènes d’extérieur, plutôt que dans des décors parfois minimalistes. Aussi la reconstitution historique est parfois douteuse, comme la machine à couper des têtes qui paraît beaucoup trop sophistiquée, et parfois inversement fidèle à travers de nombreux détails, comme l’organisation des rituels et les allusions religieuses. De plus le film ne manque pas de citer de nombreuses exclamations attribuées à l’empereur romain, et est accompagné d’une musique qui lui sied à merveille, la Danse des chevaliers de Sergueï Prokofiev.

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